Voici un article paru dans le dernier numéro de en direct n° 262 de Janvier 2016
Adieu à tous ! Si vous avez décidé de bassoter au lieu de travailler, vous avez meilleur temps de vous amuser à découvrir les mots et expressions du patois restés vivaces dans nos régions, puis d’en parler avec le Paul ou la Suzon à midi au dîner, tout en brassant la salade…
Le patois a la cote ! En témoignent les milliers de réponses aux enquêtes internet menées à ce sujet par les universités de Neuchâtel, Genève et Zurich en 2015. « Ce succès confirme le vif intérêt de la population à l’égard des particularismes linguistiques régionaux », se réjouit Federica Diémoz, spécialiste de dialectologie galloromane et sociolinguistique au Centre de dialectologie et d’étude du français régional de l’université de Neuchâtel. « Le parler local reste une fierté, qui est intimement liée à l’identité de chacun. »
L’étude s’est déroulée en plusieurs épisodes, elle a concerné pour une part la Suisse romande et la France voisine, puis a repoussé les frontières de ses investigations aux limites de l’Hexagone et jusqu’en Belgique. Les objectifs ? Analyser les expressions et prononciations considérées comme propres au français parlé en Suisse romande, apprécier leur vitalité et attester leur présence à l’intérieur et hors de la Suisse.
Pas moins de dix mille habitants de Suisse romande et de France voisine se sont prêtés à un vaste jeu de questions sur leurs habitudes linguistiques, vingt mille si on considère l’étude élargie à l’ensemble des participants. « Des informations étaient bien sûr déjà disponibles, mais posaient des problèmes de représentativité des populations. L’envergure de l’étude réalisée ici apporte une caution scientifique indiscutable aux données », explique Mathieu Avanzi, postdoctorant à l’université de Zurich et au Centre universitaire d’informatique de l’université de Genève. « Nous avons dépouillé, répertorié et analysé des dizaines de milliers de réponses, qui nous ont servi à élaborer des cartes de localisation linguistiques. » Où l’on remarque que certains particularismes sont vivaces sur l’ensemble du territoire helvète ou à l’inverse ne concernent plus qu’un canton ou deux à l’intérieur de la Suisse romande, quand d’autres ont allègrement passé les frontières.
La « panosse » ou la « patte » ?
La saga linguistique franco-suisse n’est pas terminée… Une nouvelle enquête est en cours. Pour y participer : http://francaisdenosregions. com/participez-a-lenquete/
Contacts : Mathieu Avanzi
Université de Zurich / Université de Genève
Centre de dialectologie et d’étude du français régional
Université de Neuchâtel
Tél. +41 (0)32 718 16 43
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